dimanche 25 janvier 2009

Scènes de chasse au sanglier

Pour autant qu'il lui en souvienne, depuis sa jeunesse, c'était avec une grande satisfaction qu'il portait le nom d'un empereur romain. Ses parents le lui avait dit, bien qu'ils n'avaient eu aucune idée de ce que cet empereur eut pu accomplir durant son règne. C'était leur manière à eux de satisfaire les demandes d'amour de leur enfant. C'était leur enfant, leur fils unique.

S'il avait eu la chance d'avoir plus de curiosité, il aurait eu honte de porter ce nom. Mais Il se contentait de ce qu'on lui avait enseigné. Son nom était sa fierté, et pour rien au monde, peut être inconsciemment, il n'aurait été chercher quelque chose qui aurait pu troubler ce sentiment.

Aujourd'hui, il était pourtant obligé de se faire oublier. De faire oublier tout ce qui pouvait rappeler ce qu'il avait été et ce qu'il avait fait. Il avait pour lui l'excuse que la période passée était trouble. Chacun pour soi. Beaucoup avaient suivi le même chemin que lui. Beaucoup avaient cru en la justesse de leur cause. Lui le premier.

Aujourd'hui tout était différent. Il fallait continuer à survivre. mais contrairement à heier, survivre c'était devenu vivre , tout simplement. Ce n'était plus tant se cacher que de cacher ce qu'on avait fait qui importait. Et cela passait par cacher qui on avait pu être. Pour cela, il fallait néanmoins se faire discret. La peur d'être reconnu existait mais n'était pas omniprésente. En revanche, une culpabilité diffuse mais lancinante était là. Pour la faire taire, mieux valait se faire tout petit.

C'est ce qui aurait pu lui arriver de pire, être obligé de cacher qui il est. Quelque part, sa fierté, c'était son identité. Il s'était toujours senti allemand, il appartenait à une nation qui avait eu son lot d'empereurs. Peu importait que la plupart n'ait été que des pantins, il était empereur parmi un peuple fort.

Quand on est né allemand, et qu'on devient français de par la force comparée du Panzerkampfwagen, du Sherman et du T-34, ça perturbe. Ce n'est pas juste être à contre-courant du sentiment général qui fête le retour à la République, le retour du français et espère le retour des mobilisés de force. C'est la remise en cause totale de votre personnalité.

Si ça devient trop lourd, autant devenir quelqu'un d'autre. Ça sera plus facile.

Heureusement pour lui, sa mère avait choisi de lui donner comme deuxième prénom Paul. Elle était très portée sur la religion. Ce choix faciliterait d'autant plus sa conversion, pensa-t-il avec amertume.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire